Les raretés et l'économie de guerre

Les économies de tous les pays, en particulier l'économie de la zone euro, l'économie française, ont basculé en très peu d'années d'une situation d'abondance à une situation de rareté. Ce basculement concerne les marchés du travail (avec le vieillissement démographique, avec les difficultés d'embauche des entreprises), les marchés des matières premières, le marché de l'épargne. Cette situation globale de rareté va faire apparaître une inflation plus forte, des hausses de salaires plus élevées, des taux d'intérêt réels (corrigés de l'inflation) en hausse. Que les taux d'intérêt réels dans le futur soient nettement plus élevés que dans le passé va en particulier créer des difficultés considérables. En effet, les économies vont entrer dans une situation qu'on peut qualifier « d'économie de guerre ». Il faudra financer des dépenses militaires accrues, des dépenses de Recherche-Développement plus fortes, ce qui caractérise l'économie de guerre au sens strict. Mais il faudra aussi financer des dépenses de santé, d'éducation, de réindustrialisation accrues, et au total on devrait bien passer d'une situation d'excès d'épargne, qui prévalait depuis la fin des années 1980 à une situation d'insuffisance d'épargne. Le défi pour les politiques économiques sera de réussir à financer ces besoins d'investissement et de dépenses publiques accrues, alors que l'épargne sera rare, insuffisante pour réaliser tous ces financements. On peut s'interroger sur les méthodes qui permettraient de ne pas rationner ces dépenses nécessaires. Faut-il utiliser la monnaie hélicoptère ? Faut-il accroître la pression fiscale ? Faut-il laisser augmenter l'inflation pour revenir à une situation de taux d'intérêt réels négatifs ?

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