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Vercingétorix

La figure de Vercingétorix a été gravée dans le marbre par les historiens nationalistes : premier héros de l’histoire de France mais aussi exemple même des Gaulois belliqueux et indisciplinés, victimes désignées de la colonisation. Cette image a stérilisé les recherches tant sur le personnage lui-même que sur les Gaulois en général. Après un millénaire et demi de désintérêt total pour ces hommes, les historiens de la Renaissance et de l’Époque moderne n’ont vu en eux que le révélateur des bienfaits de la civilisation romaine et il a fallu attendre ces dernières décennies pour que les Gaulois retrouvent une place propre  ; celle-ci est plus redevable aux travaux des archéologues qu’à ceux des historiens. Preuve en est le sort fait à Vercingétorix, objet des thèses les plus diverses : pitoyable chef de guerre, traître, espion à la solde de César et, récemment, création littéraire de l’auteur de La Guerre des Gaules.

                Il est vrai que le personnage, dans la trace historique qu’il a laissée, doit quasiment tout au récit que le proconsul fait de sa prétendue conquête : l’ouvrage avait pour but d’exalter à Rome ses victoires, quasiment en temps réel. Le livre VII, consacré aux événements de l’année 52, est organisé autour du personnage de Vercingétorix. César en fait l’incarnation de ses ennemis gaulois. Pour que sa victoire sur Vercingétorix paraisse la plus glorieuse, il lui faut hisser son ennemi à son propre niveau. À cette aune, le siège d’Alésia peut passer pour l’une des plus grandes batailles de l’Antiquité et marquer définitivement la fin de la guerre.

                Génie littéraire, César a emprisonné les Gaulois dans un discours, unique et partial, condamné aussi les historiens à n’être que les commentateurs de ses Commentaires. Mais l’abandon de la vision nationaliste des événements de –58 à –51 permet une autre lecture. On reconnaît alors que la Gaule, tout entière, n’a pas combattu les légions. La conquête elle-même est une illusion : les Éduens ont autorisé César à pénétrer en Gaule pour ramener les Helvètes sur leur territoire ; puis nombre de cités gauloises ont demandé au proconsul le protectorat de Rome face à la menace germaine. Des traités de paix et d’allégeance ont été signés avec César par de nombreux peuples. La guerre proprement dite n’a été le fait que des récalcitrants : les Belges surtout. Les autres, Celtes du centre, ont participé activement à la mise sous tutelle romaine de la Gaule. Vercingétorix, issu de la plus illustre famille aristocratique arverne fut lui-même l’otage princier de César et son ami, vivant plusieurs années dans la véritable cour qu’était son quartier général. C’est tardivement, à l’instar d’autres jeunes nobles gaulois, déçus par les promesses non tenues par César de les placer à la tête de leurs cités comme rois, qu’il se révolta contre lui. Il se révéla alors grand homme politique, brillant orateur et chef de guerre implacable qui mit, un temps, son ancien ami en échec.

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